Comment Traiter la fameuse phrase: « Non, pas ce soir, je suis fatiguée ! »
Il y a quelques années, Sébastien et Marion ont traversé, comme beaucoup de couples, une période d’abstinence : « On ne faisait plus l’amour. Ou alors c’était rare et basique. Un devoir conjugal ! Marion n’en avait jamais envie, raconte Sébastien. Elle me disait tout le temps : “Non, pas ce soir, je suis fatiguée”… Elle n’avait plus de libido. Cela a fini par nous poser un sérieux problème. On s’est même demandé s’il ne valait pas mieux se séparer. Quand on ne se désire plus, pourquoi rester ensemble ? » Cinq ans plus tard, Sébastien et Marion sont pourtant toujours ensemble. Ils semblent même plus unis que jamais. Le désir s’est réveillé. Par quel tour de magie ? « Eh bien, longtemps, on a enterré le problème. On faisait comme si de rien n’était, reprend Sébastien. Et puis, un jour, on s’est décidés à en parler. »
En parler !
Pas facile d’aborder un tel sujet, surtout lorsque le silence l’a depuis longtemps recouvert d’une chape de plomb. La pudeur, la peur de blesser l’autre ou de faire éclater le couple de façon définitive en révélant le problème dissuadent souvent. Mais que découvre-t-on lorsqu’on ose enfin se jeter à l’eau ? « On s’aperçoit que l’autre est tout aussi malheureux de la situation que soi-même, révèle Élidjah. On n’est plus tout seul avec le problème, on est à deux. Et puis, le fait d’en parler est très rassurant pour le conjoint : cela prouve que l’on ne va pas voir ailleurs. Que l’on continue à miser sur la relation. »
Pour en parler avec délicatesse, le mieux est de ramener les choses vers soi, de parler de son ressenti, sans accuser ou faire des reproches : « J’ai dit à Marion que je souffrais que l’on ne fasse plus l’amour, que cela me manquait », raconte Sébastien. Comment mal réagir à une telle confession ? Comme ne pas se sentir désiré, aimé ? Bien souvent, le simple fait de parler de son désir ou de sa frustration ranime chez l’autre (et même chez soi-même) la petite étincelle qui manquait. La parole électrise, émoustille.
Elle permet aussi de dédramatiser le problème et de le relativiser : « Il y a toujours des hauts et des bas dans un couple, des périodes où l’énergie manque, témoigne Bella. Plutôt que de paniquer et de se dire que ça ne reviendra jamais, autant en parler et même en rire. Avec Éli, on se lance des blagues du genre : “Ah ! c’est chouette, si ça continue comme ça, on aura bientôt l’impression de refaire l’amour pour la première fois !” » Une fois le problème mis à distance, il est plus facile d’y trouver des solutions.
Préliminaires…
Le manque de désir vient souvent du stress, de la fatigue. Avant même de penser à faire des galipettes ou de se glisser sous les draps, il est judicieux d’essayer de se détendre. Sinon, la panne risque bien d’être au rendez-vous ! « La sexualité, c’est une question de disponibilité, affirme Elsa. Si l’un des deux ne l’est pas, ça ne donne rien de bon. » Faire un peu de sport, prendre du temps pour soi, se reposer, se pomponner pour se sentir désirable, partir en vacances ou décréter un week-end à deux sont des solutions qui semblent simplistes, mais qui parfois s’imposent et s’avèrent efficaces !
Marion et Sébastien ont ainsi pris l’habitude de coucher leurs enfants un peu plus tôt le soir. « On les couche vers 20 heures. Cela nous donne le temps de décompresser gentiment, de vraiment se retrouver. » Tout le monde l’aura remarqué en effet : une fois les enfants au lit, une petite période de transition est nécessaire pour atterrir et souffler. À les coucher trop tard, ce qui reste de soirée fait office de transition. Et à peine s’est-on détendu qu’il est temps de se mettre au lit… pour faire sagement dodo !
À noter, pour les parents de tout jeunes enfants, qu’une certaine fermeté est nécessaire pour faire respecter le temps du couple, ainsi que son espace. Camille et Jean-Baptiste ont bien failli se laisser piéger par leur petite Louise, qui hurlait tous les soirs jusqu’à ce que, de guerre lasse, ils finissent par la coucher… dans leur propre lit ! Constatant les dégâts occasionnés, ils n’ont pas tardé à faire marche arrière et à la laisser s’égosiller dans sa chambre. Aujourd’hui, elle s’endort comme un petit ange… laissant ses parents jouer aux diablotins. Pas tous les soirs, certes, à cause du travail (toujours lui !). « Mais on se planifie des soirs où on laisse tout tomber.
Des soirs rien que pour nous. » Planifier n’est pas très romantique ni spontané. Mais, pour bien des couples, c’est le seul moyen de se fabriquer des temps d’intimité : « À la longue, on se rend compte qu’il vaut mieux avoir ces moments, même s’ils sont prévus à l’avance, que rien du tout », affirme Bella. Et puis, pourquoi se prendre au sérieux ? « On se donne rendez-vous, reprennent Camille et Jean-Baptiste. On se dit : bon, ce soir, c’est décidé, on fait l’amour ! Ce n’est pas un problème parce qu’on aime bien jouer… » Jouer ? Messieurs dames, éloignez vos enfants… ou gardez ce qui suit pour ce soir (en vous donnant rendez-vous). Car nous entrons à présent dans le vif du sujet.
Des bienfaits de l’érotisme
Laissons un petit répit à Camille et à Jean-Baptiste, et retrouvons Johanna et Raphaël – souvenez-vous, les caleçons sales ! Heureusement, Raphaël a de meilleurs côtés : « Certains soirs, on couche les enfants à 20 heures (la clé du succès !). J’ouvre une bouteille de vin, je commande des sushis. Pendant ce temps-là, Johanna nous fait couler un bain, elle dispose des bougies dans la salle de bains. On se déshabille et on se glisse tous les deux dans l’eau.
On mange, on boit, on parle, on se détend… » Pour regagner la chambre un peu plus tard, où flamboient là aussi quelques bougies. « On essaie de faire comme si on était à l’hôtel… Parfois encore on reste dans le salon, on change de lieu. » À l’occasion de ces grignotages nocturnes, Johanna n’hésite pas à revêtir sa plus belle lingerie. Lumières tamisées, dépaysement et jeux aquatiques sont aussi les secrets d’alcôve de Camille et de Jean-Baptiste, qu’ils pimentent de petits jeux de rôle ou de parties de cache-cache tout à fait innocents. Ou un peu moins. À chacun son style, sans tabous, entre adultes consentants, amoureux et respectueux l’un de l’autre. Bien sûr, il faut veiller à ne pas enfermer sa sexualité dans un type de jeu sexuel ou tomber dans le piège de la surenchère !
Mais un peu de folie que l’on s’autorise parce que l’on a confiance – un avantage de la longévité du couple ! – permet de nourrir l’imaginaire érotique et d’entretenir la libido. Et un jour, on se surprend à dire : « Bon, les enfants, papa et maman sont fatigués. On vous met un DVD et on va faire un peu la sieste. Vous nous laissez tranquilles, sinon on ne va pas être contents… », tels Élidjah et Bella qui avouent avoir encore de folles envies de « se sauter dessus comme au premier jour », à l’ancienne et sans chichis, après… dix-huit ans de vie commune