Astuces d’organisation des tâches domestiques en couple

« Heureusement que ma femme m’aide à m’organiser ! »

Les conflits autour des tâches domestiques peuvent aussi avoir pour origine un manque d’organisation. Pour éviter les tensions, chaque couple trouve ses propres techniques d’organisation en fonction des préférences et des emplois du temps de chacun.

Avec ou sans liste

Certains couples se répartissent les travaux domestiques en établissant ensemble une liste de ce que chacun doit faire, de manière fixe ou variable. Ce système leur paraît plus équitable quand le choix est réellement concerté. Elias et Émilie, au contraire, ne supportent pas l’idée d’une quelconque planification qui leur semblerait trop directive et trop rigide :

« Nous préférons ajuster la répartition des tâches au jour le jour en fonction des envies, du stress, de la fatigue du moment. Cela n’empêche pas une division du travail domestique régulière dans ses grandes lignes mais qui laisse place aux ajustements, à l’improvisation. » Détestant autant repasser l’un que l’autre, ils se sont mis d’accord pour que chacun gère le repassage de ses propres affaires. En revanche, ils se partagent celui des vêtements des enfants.

La liste peut aussi être virtuelle, telle une menace que l’on ne souhaite pas voir exécuter. Quand Elias se plaint parfois de toujours faire la vaisselle, Émilie lui propose alors d’établir une liste de ce que chacun fait dans la maison : « En général, cette liste virtuelle permet de recadrer la situation. Il réalise ainsi la part du travail que j’effectue au sein du foyer et nous n’avons jamais eu à la rédiger. » La répartition équilibrée qu’Adeline et Frédéric connaissent aujourd’hui s’est faite progressivement grâce au dialogue, après plusieurs remises à plat : « Au début, Frédéric faisait des efforts pendant quelques semaines après la discussion, puis le naturel revenait au galop. Maintenant, il a intégré les tâches qu’il a prises en charge. »

Estelle et Antoine planifient les menus pour trois, quatre jours ou pour la semaine. L’idée est venue quand Estelle souhaitait faire attention à sa ligne : « Même si c’est un peu contraignant, cela a résolu nos conflits quant au choix de la composition des repas. Quand nous rentrons le soir, nous savons ce que nous allons cuisiner. Les courses sont aussi simplifiées puisqu’elles sont faites en fonction des menus prévus. Nous n’achetons plus de produits qui se périment faute d’être utilisés ; nous n’achetons que ce dont nous avons besoin », explique Antoine.

À tour de rôle

« Chacun son tour » est la devise des couples soucieux d’une égalité formalisée. C’est le corollaire de la liste. Pour un jour, une semaine ou un mois, l’un et l’autre alternent pour faire la vaisselle, les courses ou passer l’aspirateur. Parfois, la nécessité impose l’alternance. Dans les premiers mois qui ont suivi la naissance d’Azmir et Maïra, frère et sœur jumeaux, Émilie et Elias se sont entendus pour se relayer la nuit auprès d’eux. « Dans un premier temps, j’assurais la première partie de la nuit, Elias la seconde, puis nous échangions les périodes au bout de quelques nuits », raconte Émilie. Son mari confirme : « Je préférais cette organisation plutôt qu’un système strictement à tour de rôle dans une même nuit. Même si je me réveillais en entendant pleurer quand c’était à ma femme de se lever, je savais que je pouvais tenter de me rendormir. »

Valérie et Cyril se lèvent pour les enfants chacun leur tour le week-end ou pendant les vacances. « Le samedi, c’est moi, et le dimanche, c’est au tour de Cyril : chacun peut ainsi faire la grasse matinée une fois dans la semaine », raconte Valérie.

Cerner les priorités

S’organiser, c’est aussi savoir aller à l’essentiel. Ne pas se mettre à ranger une étagère à 19 heures si le repas du soir pour la dizaine d’invités attendus dans l’heure n’est pas prêt. C’est une qualité dont Frédéric n’est pas doté : « J’ai des difficultés à renoncer à certaines tâches pour me concentrer sur l’essentiel. J’ai l’impression que j’ai le temps de tout faire et n’ai pas la notion des priorités. » C’est aussi le cas d’Arnaud, qui a parfois mis Sabine dans l’embarras : « Arnaud tient absolument à cuisiner pour nos invités. Mais il ne sait pas gérer son temps : il veut commencer à mettre le couvert ou à réaménager le salon alors qu’il faudrait en priorité mettre le dîner en route ! » Après deux ou trois scènes embarrassantes, Arnaud a reconnu ses lacunes : « Je suis “chronopathe” comme le dit si joliment Sabine. Alors, quand elle me dit qu’il est temps de faire quelque chose, je l’écoute au lieu de protester. » Émilie, elle, liste les choses à faire selon leur importance. « Je vois tout ce dont je n’ai pas le temps de m’occuper et je crois être un peu exigeante. Alors, je répertorie dans une première colonne ce qu’il y a à faire dans la maison, ce qui est important pour moi, à quelle fréquence et comment m’organiser. Dans une autre colonne, je note ce qui n’est pas important : je vois ce que je reporte à plus tard et ce que j’abandonne complètement. C’est usant de voir la masse de travail s’accumuler et ne pas diminuer. Si Elias souhaite s’y associer, nous en discutons mais j’établis cette liste avant tout pour moi. »

Estelle et Antoine listent ensemble ce qui est à faire dans la maison, sans s’attribuer de tâches en particulier. Ils répertorient aussi les démarches administratives à effectuer ou les amis à inviter : « Nous tentons de planifier les différents projets en fonction de leur importance, de leur urgence et de leur coût. Dans le domaine du bricolage, le dernier en date était de refaire la salle de bains, ce que je viens d’achever. C’était un gros projet, en termes de temps, de coût, et urgent à réaliser. Nous devons aussi faire changer la porte d’entrée, mais ce sera à plus long terme », explique Antoine. Estelle précise : « Les délais fixés ne sont en général pas respectés, mais cela permet de ne rien oublier. Souvent, nous avons envie d’inviter des amis ou de la famille, mais le temps passe et nous ne les voyons pas. Cette liste nous incite à lancer les invitations. »

« Où suis-je ? Chez toi, chez moi ou chez nous ? »

Dans les villes où les prix de l’immobilier sont élevés, le moindre centimètre carré est un bien précieux et le plus petit recoin doit être exploité. Mais là encore, les exigences de rationalité et d’ordre peuvent diverger au sein du couple. Souvent, Antoine ne comprend pas la frénésie soudaine de sa femme qui se met à tout ranger dans le salon et lui demande de l’aider : « Les affaires qui traînent ne me dérangent pas, contrairement à Estelle. » Partager un espace commun implique de la part de ses habitants de le respecter et n’exclut pas de disposer pour eux d’espaces privés. Pour Elias, il est nécessaire d’avoir des périmètres personnels : « Je suis désordonné mais je fais attention de ne pas laisser traîner mes affaires dans les espaces communs comme le salon. C’est Émilie qui range, je respecte donc son travail et son exigence d’ordre. De son côté, elle me laisse mon fouillis dans mes tiroirs et autres espaces personnels que je gère entièrement. »

Valérie aussi a l’habitude de ranger ce qui traîne, et notamment les papiers, dans les tiroirs et autres meubles du salon mais sans vraiment faire le tri, ce qui exaspère son mari chargé de l’administration du foyer : « Quand nous recevons, je planque les affaires un peu partout en attendant de trier ensuite. » Cyril a d’abord proposé de mettre tous les papiers dans le bureau, petite dépendance face à la maison. Ils auraient ainsi été rassemblés au même endroit. Mais ce n’était pas pratique pour Valérie : « Elle était obligée de traverser le jardin dès qu’elle voulait classer un papier. Finalement, nous avons simplement placé dans l’entrée une petite table avec deux tiroirs dans lesquels nous mettons les papiers à régler rapidement. Ceux qui doivent être traités ultérieurement se rangent dans le bureau. » Laurent s’occupe du linge de la maisonnée, mais n’essaie plus de ranger celui de sa compagne : « Je ne comprends rien à son organisation. Je plie donc ses vêtements et les empile sur le lit. Elle n’a plus qu’à les ranger comme elle l’entend et ne me reproche plus de ne plus les retrouver. »

Respecter l’espace de chacun, inventer son espace de couple, une astuce précieuse pour que les soucis domestiques n’altèrent pas les relations conjugales !